Une messe à la mémoire du Père Hamel, et pour la paix et la fraternité

30 Juil 2016

Les obsèques du Père Jacques Hamel auront lieu mardi 2 août  à la cathédrale de Rouen. Partout en France, les diocèses se sont mobilisés pour qu’hommage soit rendu à ce prêtre mort sous les coups de fanatiques alors qu’il célébrait Jésus donnant sa vie par amour pour les hommes dans la petite église de Saint-Etienne-du-Rouvray. Il s’agissait aussi pour les catholiques de prier pour la paix et la fraternité.

Voici le texte de l’homélie prononcée par Mgr Jean-Pierre Samoride, Vicaire général du diocèse de La Rochelle et Saintes lors de la célébration du vendredi 29 en la Cathédrale de La Rochelle :

Chers amis,

Le drame qui s’est déroulé mardi à St Etienne du Rouvray a suscité une grande émotion, bien au-delà des frontières de l’Eglise Catholique.

2 éléments, entre autres,  me paraissent le caractériser :

– sa répugnante et lâche cruauté

– la caution que lui a apportée “l’Etat islamique “, mouvement terroriste international, se réclamant d’une forme islam, guerrier et conquérant.

Hélas cet acte a été précédé de beaucoup d’autres : en France, nous pensons à Charlie-hebdo, le Bataclan, le carnage de Nice, mais aussi hors frontières, les moines de Tibhirine et aux Etats -Unis, la Belgique, l’Allemagne, sans oublier le proche Orient, l’Arabie ou l’Afghanistan, car des musulmans sont aussi parmi les victimes. La liste n’est pas close.

On nous dit qu’il y aura encore d’autres attentats. Nous sommes prévenus ; la guerre, puisque le terme semble désormais prévaloir dans les discours, la guerre sera longue. Sous-entendu, il va falloir s’y habituer. Allons-nous habituer au sang, aux larmes, à l’indignation, à la colère ? Allons-nous en faire notre quotidien ?

La réponse est clairement : NON

Nous n’avons pas vocation à nous résigner, nous n’avons pas vocation à régresser, nous n’avons pas vocation à abdiquer face à la terreur.

La violence, nous le savons est en toute nature, l’humaine comprise. Elle peut venir de perturbations psychiques, mais aussi d’adhésions  politique, idéologique ou religieuse. Fanatique, elle devient une forme de faiblesse, dans la mesure où, réductrice d’une vérité enfermée dans ses limites, elle veut l’imposer aux autres, à tout prix, par la force.

La tentation spontanée, naturelle, est de répondre à la violence par la violence. Une personne, une communauté – aujourd’hui les catholiques, demain hélas peut-être d’autres – a tendance à réagir ainsi. La spirale est alors en marche… et on ne sait plus comment l’arrêter. Nous voyons que déjà, certains sont prêts  à cela ; le piège leur est tendu, les yeux fermés, ils vont s’y précipiter. L’Homme a toujours été fasciné par la guerre. Il en a fait sa plus grande gloire, alors que c’est sa plus grande honte.

J’ai choisi de nous faire entendre, à l’instant, un extrait de l’évangile selon St Matthieu (Mt 26/ 47-52) relatant l’arrestation de Jésus, quelques temps avant sa mort. Jésus a cruellement subi la violence. Et au moment de son arrestation, alors que ses amis volent à son secours et que le conflit s’apprête  à dégénérer, Jésus leur dit : ” Halte ! Remets l’épée dans son fourreau”.

Telle est la base  de la foi, de l’action chrétienne. Elle n’a pas toujours été suivie, ni appliquée par les chrétiens au cours de l’Histoire. Elle n’en reste pas moins la base de la foi. L’Amour plutôt que la haine. Souvent payé au prix fort, il est vrai, mais c’est celui par lequel l’Homme acquiert sa vraie dimension humaine, celle qui l’élève au-dessus de l’animal.

C’est un chemin difficile. Il exige beaucoup de soi, de patience, de disponibilité à l’Esprit de Dieu, de persévérance.

Juste avant l’Evangile, nous avons entendu un extrait de la 1° lettre de St Jean (1 Jn 4/ 7-10).  C’est une très belle médiation sur l’Amour ; non pas un sentiment, vague, généreux et fugace, que récusent les violents  pour lui substituer leur idéologie  belliqueuse au nom de leur réalisme.

Ce n’est pas nous qui décidons qui et quand il faut aimer, car le véritable Amour vient de Dieu, tel que le Christ l’a non seulement prêché mais vécu. Quand on a découvert cela, alors en découle , non pas la  haine des uns envers les autres , mais l’amour des uns envers les autres .

Je remercie M. le Préfet,  M.  le Maire , Madame et Monsieur les Députés, les représentants de la société civile  de leur présence.

Je remercie les Communautés musulmane et israélite, représentées par leur président respectif : MM. El Hamidi et Kammoun;  Marianne Seckel, sœur dans la foi chrétienne, de la paroisse protestante.

Avec vous nous entretenons des liens réguliers et fraternels dans cette ville.

Vos présences ne sont pas imposées par le devoir, mais, j’en suis sûr, par la conviction que nous devons résister ensemble à ceux qui prétendent nous diviser, voire nous éliminer. C’est donc avec confiance, sans angélisme ni naïveté que nous poursuivons la route de la fraternité, même si elle est ardue. C’est parce que nous croyons que l’Homme est appelé à un destin qui l’élève jusqu’à l’image du Dieu Amour que nous la poursuivons. Espérons que nous ne la quitterons jamais. Il en va de notre destin à tous.  Amen

Mgr  Jean-Pierre SAMORIDE
Vicaire général

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