Homélie donnée à Saintes par Mgr Colomb au rassemblement de la Communauté Vie Chrétienne

1 Avr 2017

Homélie du dimanche 26 mars 2017 (4ème dimanche de Carême) : 1 Samuel 16.1,6-7,10-13 – Psaume 23 – Ephésiens 5, 8-14 – Jean 9.1-41 – homélie donnée à Saintes au rassemblement de la Communauté Vie Chrétienne.

 
Le 4ème dimanche de Carême est le dimanche de « Laetare », dimanche de joie, comme une oasis dans le désert, comme une lumière dans l’obscurité et la collecte de ce jour nous invite à nous « hâter avec amour au devant des fêtes pascales ».

Les lectures de ce jour ne peuvent que nous pousser à la joie. La 1ère lecture nous montre Samuel qui est l’instrument de Dieu pour choisir le roi David. Dieu dit à Samuel « Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur ». Dieu voit clair ! Saint-Paul dans sa lettre aux éphésiens nous invite à vivre dans la lumière : « Autrefois, vous étiez ténèbres, maintenant dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière. Vivez comme des fils de lumière». Voir clair pour discerner, pour transformer les rapports entre les hommes par la prière, par l’action, par l’accompagnement, n’est-ce pas votre mission ?

Autrefois, vous étiez ténèbres, maintenant vous êtes lumière. L’homme ancien prend parfois le dessus sur l’homme nouveau et nous sommes souvent des lumières éteintes ! La lecture de l’évangile de St-Jean nous fait entrer dans une démarche baptismale. Dimanche dernier, Jésus a promis l’eau vive à la Samaritaine, aujourd’hui en guérissant l’aveugle de naissance, il se révèle comme la « lumière du monde ». Dimanche prochain, en ressuscitant Lazare, il se présentera comme étant « la résurrection et la vie ». L’eau, la lumière, la vie sont les symboles du baptême, sacrement qui nous libère de l’esclavage du péché et nous donne la vie éternelle !  La Communauté Vie Chrétienne n’a-t-elle âs pour mission d’être un ferment de vie chrétienne, de vie éternelle dans une société bornée par diverses contingences ? Alors gérez bien ce que vous avez à faire ; comme vous y invite Saint-Ignace, faites avec calme ce que vous pouvez.
Que nous dit le récit de l’aveugle de naissance (Jn 9, 1-41) ? Selon la mentalité de l’époque, les disciples partent du principe que sa cécité est la conséquence d’un péché commis par lui ou par ses parents, un peu comme si cet aveugle de naissance avait un mauvais karma comme pourrait le dire un bouddhiste !  Jésus écarte ce préjugé et affirme : “Ni lui, ni ses parents, mais l’action de Dieu devait se manifester en lui” (Jn 9, 3). Quelle joie, quelle libération, ces paroles nous procurent ! Elles nous font entendre en Jésus la voix vivante de Dieu, qui est pur Amour ! Face à l’homme limité et marqué par la souffrance, Jésus ne pense pas à d’éventuelles fautes, il ne pense pas à l’obscurité, à  la mort mais à la volonté de Dieu qui a créé l’homme pour la vie. Et pour cette raison, il déclare de manière solennelle : “Il nous faut réaliser l’action de  celui  qui  m’a  envoyé… Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde” (Jn 9, 4-5). Et il passe immédiatement à l’action: avec un peu de terre et de salive il fait de la boue et l’étale sur les yeux de l’aveugle. Ce geste est une allusion à la création de l’homme, que la Bible raconte avec le symbole de la terre façonnée et animée par le souffle de Dieu (cf. Jn 2, 7).
En guérissant l’homme, Jésus réalise une nouvelle création. Mais cette guérison suscite une discussion animée parce que Jésus la réalise un  samedi,  transgressant, selon les pharisiens, la règle du sabbat. D’un côté, nous avons les pharisiens qui récitent la loi et de l’autre nous avons Jésus qui applique la loi avec la liberté dont lui seul a le secret ! Cet enseignement est une sévère mise en garde pour nous contre les dangers d’une foi en Dieu qui oublierait que Dieu est Père, Fils et Esprit. Notre Dieu, ce  n’est pas un code civil ou pénal, un code de la route qu’il suffirait d’appliquer à la lettre pour échapper aux amendes. Notre foi à nous chrétiens est exigeante parce qu’elle nous invite, à la suite de Jésus, à passer à l’action « Il fallait que l’action de Dieu se manifeste en lui ! », nous rapporte l’évangéliste ! Il faut que l’action de Dieu se manifeste en nous et autour de nous et nous devons, nous baptisés, nous chrétiens, être les serviteurs modestes et peut-être maladroits de cette action divine !
A la fin du récit, Jésus et l’aveugle se retrouvent tous deux “expulsés” par les pharisiens; l’un parce qu’il a transgressé la loi et l’autre parce que, malgré sa guérison, il reste marqué comme pécheur depuis sa naissance. Jésus et l’aveugle guéri parlent en hommes libres, les parents de l’aveugle ont peur des juifs et n’osent pas trop s’engager dans leur réponse aux juifs, les pharisiens médisent et accusent.
Jésus révèle à l’aveugle guéri qu’il est venu dans le monde pour accomplir un jugement, pour séparer les aveugles que l’on peut guérir de ceux qui ne se laissent pas guérir, car ils sont persuadés d’être en bonne santé. Nous sommes toujours tentés de construire un système de sécurité idéologique : la religion elle-même peut devenir un élément de ce système, tout comme l’athéisme ou le laïcisme, mais de cette manière on reste aveuglé par son égoïsme. Laissons-nous guérir par Jésus, qui peut et veut nous donner la lumière de Dieu ! Confessons notre aveuglement, nos cécités, nos myopies.
Notre foi nous invite sans cesse à la clarté, clarté du regard, clarté du jugement, clarté de la parole et les personnages présentés dans l’évangile de ce jour nous invitent à la chasteté dans notre langage. Ne soyons pas des accusateurs haineux qui disent « Tu es tout entier plongé dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? ». Ne soyons pas ceux qui hurlent avec les loups, avec les medias, ceux qui jettent les autres dehors.
Puissions nous affirmer, à la suite de l’aveugle guéri, « Je crois Seigneur », puissions-nous dans l’obscurité de notre vie, nous laisser guider par la Lumière de Dieu pour pouvoir dire en vérité « j’étais aveugle et maintenant je vois » ! En ce dimanche de « Laetare », réjouissons-nous de la présence du Seigneur qui vient nous révéler à nous-mêmes qui nous sommes et qui nous donne la chance de changer notre cœur, notre regard et par conséquent notre vie pour nous conduite vers la Lumière de Pâques ! Que vos beaux yeux soient comme ceux de David, le berger d’Israël,  le reflet de la beauté, de la bonté de votre cœur !
+ Georges Colomb

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