Homélie donnée par Mgr Colomb dimanche 27 janvier 2019

30 Jan 2019

Homélie donnée par Mgr Colomb dimanche 27 janvier 2019, 3ème dimanche TO

 
Chers Frères et Sœurs,
Aujourd’hui, Jésus le Christ, le Fils de Dieu inaugure sa prédication. Aujourd’hui, l’Église nous demande de tendre l’oreille, de tenir les yeux fixés sur le message et l’Interprète des Écritures pour goûter les paroles pleines de grâce qui sortent de sa bouche. Aujourd’hui, l’Église nous demande d’écouter, de regarder, de toucher le verbe de vie, car «cette Vie éternelle qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue» (1 Jn 1, 2) s’est manifestée. Avec saint Luc, l’évangéliste, avec tous ceux qui furent, dès le début, «témoins oculaires et serviteurs de la Parole», écoutons le Verbe de vie.
Le premier trait frappant de la prédication de Jésus, c’est qu’elle est absolument nouvelle. «L’Esprit… m’a consacré… pour porter la bonne nouvelle aux pauvres» (Lc 4, 18). Nous glissons souvent sur ces mots sans les comprendre. Ils signifient certes que l’Évangile est bon, d’une bonté sans faille, mais aussi qu’il est d’une nouveauté parfaite. Le monde n’en pouvait plus de tourner en rond, enfermé dans le cercle vicieux du péché et de la mort. «Ce qui fut, cela sera, ce qui s’est fait se refera, et il n’y a rien de nouveau sous le soleil!» (Qo 1, 9). Depuis l’Incarnation, le gémissement de l’ecclésiaste n’a plus de raison d’être. Depuis l’Incarnation, il n’y a plus de fatalité. Car il est venu, celui qui clame «les choses cachées depuis la fondation du monde» (Mt 13, 35). Il est venu, celui qui vient faire toutes choses nouvelles.
Cette nouveauté comprend deux aspects. En premier lieu, l’enseignement de Jésus-Christ est vraiment nouveau parce qu’il est original, inattendu. Ce qui est vraiment neuf nous prend en effet toujours par surprise. Il n’y a que les fabricants de disques et de films à succès pour programmer des nouveautés… Les bergers et les mages, en s’agenouillant devant le nouveau-né de la crèche de Bethléem, ont découvert l’Inattendu. Le Salut réalisé est au delà de toute annonce. Ce bébé de 50 centimètres et de 3, 5 kg à la fois vrai homme et vrai Dieu, ce n’était pas dans la logique des choses ! Son avènement n’est pas le résultat d’une progression par étapes. Les Juifs de Nazareth le savent bien. Ils admirent aujourd’hui les paroles sortant de la bouche de Jésus mais se scandaliseront bientôt à son sujet : «Celui-là n’est-il pas le fils d’un charpentier ?… D’où lui vient donc tout cela?» (Mt 13, 55-56).
La Parole de Dieu proclamée en Jésus-Christ est, en second lieu, radicalement nouvelle parce qu’elle est définitive. Le Nouveau Testament ne tire pas son nom du seul fait qu’il vient en second dans le temps. Il n’est pas seulement une deuxième Alliance; il est le dernier, au sens absolu du terme, celui dans lequel se joue la fin dernière de chacun de nous : la vie éternelle ou l’éternelle damnation. Nous n’avons pas à attendre quelque livre de Mormon tombé du Ciel; nous n’avons pas à attendre une autre révélation. En Jésus-Christ nous avons tout reçu.
Outre sa nouveauté, un deuxième trait nous frappe, dans la «bonne nouvelle» prêchée par Jésus : elle apporte une lumière qui éclaire l’histoire tout entière : «La Parole de Dieu est comme un flambeau… que l’on tient dans la main et qui porte la lumière partout autour de nous au fur et à mesure que nous avançons » (Paul Claudel). Ce flambeau éclaire l’histoire qui est avant Jésus-Christ comme l’histoire qui est après Jésus-Christ. Le Verbe incarné s’offre comme le brasier placé au centre de l’histoire des hommes : il illumine ce qui est derrière lui et ce qui est devant lui en révélant le dessein éternel de Dieu sur toute chose.
Avant Jésus-Christ, il y eut le temps du salut. Jésus connaît la loi et les prophètes : il sait qu’ils témoignent de lui. Il les interprète. L’Ancien testament n’est pas pour lui un passé mort. Il contient même une sorte de schéma précis de la vie qu’il doit mener sur terre. La totalité de sa vie doit être l’accomplissement total de toute la loi et de tous les prophètes. C’est presque comme si son existence devait tracer une figure dessinée en pointillé, comme on fait dans les jeux pour enfants. Mais ces pointillés sont invisibles pour qui ne tient pas en main le flambeau de la Parole de Dieu.
La lumière qui jaillit du Verbe de vie éclaire aussi devant lui. Elle illumine le temps de l’Église. Depuis Jésus-Christ, dans la mesure où nous sommes configurés à lui, nous sommes dans la plénitude des temps. Il nous faut vivre de l’éternelle nouveauté du Christ révélée par l’Esprit. Il nous faut vivre dans le présent, dans la présence continuelle du Christ à son Église. Cette présence, qui constitue les arrhes de la béatitude éternelle doit attiser en nous le désir de cette Vie éternelle.
Le Christ n’est pas un autre Esdras. Aucune relecture des Livres saints n’a jamais apporté la nouveauté et l’illumination parfaite que manifeste aujourd’hui la prédication du Seigneur dans la synagogue de Nazareth. Cette nouveauté est toute autre chose qu’un degré de plus dans une ascension ; elle est un feu qui illumine et embrase. Le secret de cette nouveauté, le secret de cette lumière résident dans le mystère de la personne de Notre Seigneur: il dit ce qu’il est ; il est ce qu’il dit : «Moi-même qui parlais de toute éternité, me voici», nous souffle aujourd’hui le Verbe. À maintes reprises et sous maintes formes, Dieu avait distribué aux hommes, feuillet par feuillet, un livre dans lequel une Parole unique était cachée sous de nombreuses paroles. Aujourd’hui, toutes ces paroles sont réunies en une Parole unique à adorer, à écouter et à manger dans l’Eucharistie : cette Parole c’est Jésus-Christ, Verbe incarné, notre Sauveur et notre Dieu. aujourdhui, cette parole qui s’accomplir est pour chacun d’entre nous ! Alors debout, c’est l’heure de la mission ! Ainsi soit-il.
+Georges Colomb
Évêque de La Rochelle et Saintes
 
 
 

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